Dès les premières lignes d’un ouvrage de A.S. Byatt, on est entraîné par le foisonnement du récit et de la forme. Les phrases regorgent de couleurs, de détails et de lumières, les histoires s’entrecroisent. Pourtant ce serait réduire la qualité du livre que de s’arrêter à cela. Le grand art de A.S. Byatt, c’est une maîtrise formelle qui lui permet d’alterner le conte et la narration, la récit psychologique ou encore le poème pour donner à chacun des thèmes, comme on le ferait en musique, des résonnances différentes.
Dans Le livre des enfants elle noue le travail artistique du mouvement Arts & Crafts avec l’action des anarchistes, la Fabian Society qui séduisait alors la bourgeoisie avec le combat des suffragettes pour le droit de vote. Le canevas du roman, ce sont les vies de la ribambelle d’enfants d’une famille anglaise au passage du XXe siècle. Les motifs sont ensuite développés à travers chacun des enfants : pour l’un l’imagination, pour un autre l’aspiration à la beauté, une vie pour soi pour l’une des filles, ou encore la paix.
Ce livre est magistral, il emporte comme seuls savent le faire les grands auteurs. nous offre la vie. Seule A.S. Byatt pouvait en être l’auteur.
