Jean-Pierre Dupuy poursuit dans ce livre sa profonde réflexion sur le mal et la catastrophe, initiée dans Pour un catastrophisme éclairé (coll. Points, fr. 15.90). Si ce dernier livre s’était achevé sous l’empreinte du 11 septembre 2001, celui-ci, comme son titre l’indique, fut orienté dans sa dernière mouture par le choc du tsunami de décembre 2004. Dupuy a entre-temps découvert la pensée de Gunther Anders dominée par la prise de conscience de ce bouleversement total qu’a vécu l’homme au XXe siècle: il a maintenant les moyens de détruire la planète, tant par l’arme atomique que par son empreinte sur l’environnement. Il nous invite au « deuil de l’avenir »: « nous sommes entrés sans retour possible dans une ère dont l’horizon est l’autodestruction de l’espèce ». Dupuy ne propose pas un programme d’action. « Il serait bon que l’humanité, avant d’entreprendre quoi que ce soit lorsque, dans la panique, elle découvrira l’étendue du désastre, se donne les moyens de marquer une pause et de contempler le prodige qu’elle est en train de vivre : elle accède à la conscience de soi au moment même ou sa survie est en question. ». Deux livres importants que chacun devrait lire.
