Pour Muñoz Molina, les pouvoirs de l’écrivain sont immenses : il voit «dans la grande nuit des temps» apparaître ses personnages, et il les fait revivre sous nos yeux émerveillés.
Octobre 1936, nous découvrons Ignacio Abel dans la gare de Pennsylvanie, à New York. D’où vient cet homme prématurément usé, exilé, et pourquoi est-il là ? Dans une magistrale succession d’allers et retours dans le temps, nous découvrons le destin de cet architecte brillant, bâtisseur de la nouvelle cité universitaire de Madrid.
A ses côtés, Adela sa femme, ses enfants Lita et Miguel, Victor, son beau-frère phalangiste ; plus loin, le professeur d’architecture Rossman, réfugié juif allemand, Juan Negrin qui sera bientôt ministre de la nouvelle République, et tant d’autres encore. Chacun aura son moment de mise en lumières, tant Muñoz Molina sait donner à chaque personnage sa part de vie, et de profonde humanité. Mais surtout, il y a Judith Biely, jeune Américaine, dont Ignacio tombe éperdument amoureux, transformant cet homme tranquille et presque absent au monde qui l’entoure, en homme passionné. Pourtant l’amour ne suffit pas toujours à forger un destin commun, et l’on ne saura pas jusqu’aux dernières pages s’ils sont appelés à se côtoyer plus longtemps que durant quelques mois de bouleversements.
L’écrivain espagnol trouve ici un sujet à la mesure de son immense talent, et de son style lyrique et ample comme la mémoire des hommes.
