Les nombres premiers sont a priori solitaires : divisibles uniquement par eux-mêmes ou par un. Et pourtant, certains sont accompagnés par leur jumeau, leur «ombre», dont ils ne sont séparés que par un seul autre nombre : 29-31, 59-61, 71-73 etc. Mattia est un jeune surdoué en maths obsédé par sa sour jumelle, dont il a provoqué la disparition. Il se fait «payer» en scarifiant son corps. Alice est anorexique et boite depuis un accident de ski. Ces deux êtres marqués par la singularité devraient donc être faits pour s’entendre, mais ils restent séparés – définitivement ? – par une frontière invisible. Nous suivons ainsi leur évolution de l’enfance à l’adolescence, puis de l’adolescence à l’âge adulte. Fragilité et violence, volonté d’isolement et recherche de fusion, quête du bonheur et désir de souffrir : Paolo Giordano sait conter les affres de ces deux êtres uniques et pourtant semblables aux autres.
Sur un sujet délicat, Giordano, tout jeune écrivain italien, mène son premier roman de main de maître. Sans morbidité complaisante, ni mièvrerie adolescente, le destin des deux personnages tisse un livre touchant, plein d’émotion, de tristesse, mais aussi de sérénité.
