Atteint d’une maladie dégénérative qui le paralysa totalement tout en lui laissant le plein usage de son esprit, Tony Judt consacra les nuits de ses derniers mois de vie à composer cet ouvrage magnifique.
Récit autobiographique et essai tout à la fois, car au fil de ses souvenirs, l’historien évoque les passions et les égarements qui marquèrent son existence. Il revient ainsi avec un regard critique sur le sionisme pour lequel il s’engagea pendant quelques années, sur certains espoirs qui guidèrent les révoltes de 68, sur la perte de certains repères au nom des identités multiples. Sans jamais se départir pourtant d’un engagement « de gauche », car il voit dans ces aveuglements une des sources de l’actuelle hégémonie d’un individualisme absolu dont la forme ultime est l’ultralibéralisme financier.
Un livre stimulant, touchant et profondément intelligent.
