Vent de panique au Ciel ! Dieu vient de s’apercevoir qu’il a complètement oublié d’accomplir ce qu’il avait pourtant annoncé : avoir un fils qui puisse incarner sa puissance divine sur Terre. L’archange Gabriel se voit donc confier la mission de trouver la femme qui deviendra la mère du fils de Dieu. Pour ce faire, il ne dispose que d’une description plutôt sommaire (elle est « la femme qui lit ») et sans doute est-il un peu tendre – dans tous les sens du terme – pour mener à bien une affaire aussi délicate.
Le thème de l’Annonciation, qui a inspiré tant de tableaux anciens, est ici détourné pour donner naissance à un récit drolatique, au cours duquel on croisera Shéhérazade, Dante Alighieri, la liseuse de Fragonard, Emma Bovary et Marilyn Monroe, pour ne citer que ces quelques figures. Le scénario multiplie les références culturelles, tant aux œuvres consacrées qu’à la Pop culture, célèbre la poésie et l’amour mais ne cède jamais à l’esprit de sérieux.
En trois parties (« Le divin scénario », « Un casting d’enfer », « In nomine oscaribus »), les auteurs nous font voyager de l’Olympe jusqu’à Hollywood et nous conduisent de surprise en surprise, sans lésiner sur les anachronismes. Pour ce grand scénario, il fallait un grand dessinateur. Fabrizio Dori a non seulement su trouver la bonne distance, entre célébration et parodie, mais nous éblouit par la qualité de sa mise en scène, la sensualité de ses évocations et la puissance de sa palette.