José Munoz, grand maître de l’encre, avait déjà tenté l’exercice avec L’étranger : « accompagner » avec ses dessins un roman de Camus. Par sa technique qui rappelle souvent les gravures sur bois, en un noir-blanc saisissant, Munoz réussit la gageure de transposer un univers romanesque que l’imaginaire associé à l’Afrique du Nord associe a priori aux teintes ocres et chaudes (comme dans l’adaptation en bandes dessinées de Ferrandez). Et pourtant la magie opère. Les doubles pages semblent parfois emprunter aux motifs de la mosaïque, tout en donnant, avec le jeu des masses noires et des oblitérations de blanc, aux personnages un aspect hiératique et noble que suggère souvent l’écriture de Camus.
Rendons aussi hommage au graphiste, car la mise en page est remarquable, faisant vivre le texte et l’image dans un format impressionnant.
