Après avoir été professeur d’études chinoises à Genève, Jean François Billeter a quitté l’université pour se consacrer à ses propres travaux. Dans ses études sur certains textes remarquables de Tchouang-tseu, philosophe du 3e siècle avant notre ère, et sur l’art chinois de l’écriture, autrement dit la calligraphie, il allie la plus grande rigueur sinologique au souci constant de se faire comprendre des lecteurs non sinologues, à la fois par la clarté de l’expression et par la richesse des références à des éléments de l’héritage occidental, ou simplement à l’expérience commune. Il esquisse une vision critique de l’histoire passée et présente dans Chine trois fois muette et dénonce un faux rapport à la Chine dans Contre François Jullien.
« Sans la connaissance du sujet, la critique du monde actuel est impuissante. Elle restera vaine et se répétera indéfiniment. La prolifération des dystopies continuera. On ne sort du faux que lorsqu’on connaît le vrai, comme on ne comprend la nature d’un problème que quand on en a la solution.”
Les Nouvelles Esquisses, qui viennent de paraître et qui prennent la suite des Esquisses parues en 2018, ne font pas que les compléter. Elles poussent plus loin la réflexion et mettent en lumière le moment critique de l’histoire dans lequel nous sommes – critique au sens du mot grec krisis : de la décision qui s’impose face à un choix. Elles mettent en lumière les termes de ce choix.
Cette rencontre à la Librairie du Boulevard sera l’occasion pour Jean-François Billeter de revenir sur sa longue carrière, non seulement de sinologue mais aussi de philosophe et d’historien, défendant l’esprit des Lumières et une nécessaire révolution de la pensée.